Objectifs : Atteindre la cible 95:95:95 de l’ONUSIDA passe par une suppression virale (SV) soutenue sous antirétroviraux. Dans les pays occidentaux, le rebond virologique (RV) semble plus fréquent chez les migrants que chez les natifs mais la répartition des groupes de transmission et des sexes sont différents entre les deux groupes. Nous avons évalué les facteurs de risque de RV selon la région d’origine et selon les différents groupes de transmission du VIH.
Matériels et Méthodes : Ont été étudiées, les personnes infectées par le VIH1 incluses entre 2002 et 2016 dans la FHDH-ANRS CO4 ayant débuté un premier traitement antirétroviral et atteint une SV définie par deux charges virales (CV) consécutives <50 cp/ml. Les toxicomanes IV ont été exclus. Le RV a été défini par une CV>1000 cp/ml ou deux CV consécutives >50 cp/ml. Les déterminants du RV selon la région d’origine ont été étudiés dans les différents groupes de transmission du VIH, avec ajustement en fonction de l’âge, d’une primo-infection, de la période d’initiation des antirétroviraux, du type de combinaison, du nombre de CD4, de la CV plasmatique, de la co-infection HBV/HCV, à l’aide de modèles prenant en compte les pertes de suivi de plus de 18 mois et les décès comme événements compétitifs.
Résultats : Ont été inclus 14875 natifs de France, 5568 migrants originaires d’Afrique subsaharienne (ASS), 843 migrants originaires des Antilles non françaises (ANF) et 2503 autres migrants. Le nombre médian (IQR) de CD4 à l’initiation des antirétroviraux était de 335 (209-476), 265 (144-381), 256 (98-378) et 287 (151-428) respectivement. La SV a été atteinte dans un délai médian de 8,3 mois (IQR, 5.4-12.9). Le RV a été observé chez 4321 personnes. La probabilité à 2 ans (IC à 95%) de RV était de 10% (9-10) chez les natifs de France, 16% (15-17) chez les migrants d’ASS, 22% (19-25) chez les migrants d’ANF et 14% (13-15) chez les autres migrants (p <0.0001). Elle était de 9% (9-10) chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), 14% (13-15) chez les hommes infectés par voie hétérosexuelle (HTR), 15% (14-16) chez les femmes. Dans chaque groupe de transmission du VIH, les natifs de France avaient le risque le plus faible de RV alors que les migrants d’ANF avaient le risque le plus élevé de RV après ajustement (Tableau). Dans chaque région d’origine, les HSH présentaient le risque de RV le plus faible alors qu’il n’y avait pas de différence entre les hommes HTR et les femmes.
Conclusion : Les migrants d’ANF étaient les plus à risque de RV. Dans chaque région d’origine, les hommes HTR et les femmes avaient un risque plus élevé de RV que les HSH. Les facteurs socioéconomiques et de style de vie doivent être étudiés pour mieux comprendre ces résultats.